Les plages au Japon désertées et peinent à séduire les vacanciers

plage japonaise presque deserte

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Au Japon, le sable se fait rare et les serviettes aussi. Entre digues, typhons plus puissants et mers agitées, les habitudes de vacances changent vite, et les familles revoient leurs priorités.

Des stations maritimes signalent des plages plus étroites, des houles plus hautes et des coûts de protection en hausse. Déjà mesurée depuis les années 1980, la fréquentation balnéaire recule, portée par une désaffection des plages et par l’érosion littorale nippone, tandis que le réchauffement côtier rebât les cartes des loisirs d’été au Japon aujourd’hui. Point final.

Érosion et ports : quand le sable recule à Fujisawa et Enoshima

À Fujisawa, les responsables de plage décrivent une bande sableuse qui s’amenuise à vue d’œil entre Enoshima et Kugenuma. Les flux apportés par la Sakai-gawa ne suffisent plus à compenser les pertes, ce qui nourrit un déficit sédimentaire fluvial sur tout l’arc côtier. Les riverains constatent un net recul du trait de côte, observable après chaque tempête.

Des ingénieurs pointent l’impact des ouvrages portuaires érigés à proximité, accusés d’interrompre la dérive littorale. Sur la plage de Katase, les associations plaident pour une véritable restauration de sable, combinant rechargements et gestion des vagues, afin de maintenir l’accès au rivage et la sécurité des usagers.

Quand les houles d’été arrivent, on voit la dune s’évider semaine après semaine.

Yoshitada Kurihara

Montée des eaux et vagues plus fortes : le climat bouscule le littoral

Les synthèses du GIEC évoquent une élévation du niveau marin poursuivie par la dilatation thermique des océans, avec 0,32 à 1,01 mètre projeté d’ici 2100 selon les scénarios. Les côtes japonaises subissent une houle renforcée et des typhons plus intenses, qui accélèrent l’érosion et endommagent les aménagements.

Universitaires et collectivités multiplient les suivis pour cartographier les aléas côtiers japonais, et adapter les règles d’usage des plages. Des périodes d’interdiction de baignade et des reconfigurations de zones de loisirs émergent, alors que les pics de vagues, plus hauts, déplacent brutalement les sédiments.

Les tempêtes tropicales laissent désormais des cicatrices visibles sur les cordons sableux.

Keiko Udo

Des chiffres qui inquiètent : fréquentation en chute libre depuis 1985

Selon le Japan Productivity Center (JPC), la fréquentation des plages japonaises est passée de 37,9 millions de baigneurs en 1985 à 4,3 millions en 2023, d’après le Nihon Keizai Shimbun. Ces séries chiffrées, qui servent d’indicateurs touristiques, confirment une nette baisse des visiteurs et alimentent des statistiques de baignade moins flatteuses. L’urbanisation côtière, l’érosion et les chaleurs extrêmes pèsent sur l’envie de se rendre au bord de l’eau, tandis que les horaires de sortie se déplacent vers la fin de journée.

Les sommets de fréquentation observés avant les années 1990 ne réapparaissent plus dans les relevés, et la tendance nationale se tasse. Sur le graphique, la pente illustre des tendances longues périodes cohérentes avec la baisse des ouvertures officielles de zones surveillées et la prudence des familles face à des vagues plus fortes. Le total 2023 représente environ un neuvième du niveau atteint en 1985.

Vivre la mer autrement : bars de plage, surf et soirées à la fraîche

  • Concerts au coucher du soleil, marchés nocturnes et cinéma de plein air.
  • Écoles de surf, paddle, bodyboard avec séances à l’aube et en soirée.
  • Restauration légère, boissons locales, terrasses ombragées et zones brumisées.

La journée devient lourde sur les rivages de Kanagawa, et les plages se réinventent pour capter le public après 17 heures. Entre événements culturels, restauration légère et sports, la mutation des usages littoraux fait émerger une attractivité non balnéaire qui mise sur le confort thermique. Les études sur l’érosion évoquent 28 à 50 % de plages en moins d’ici 2050, puis 65 % (182 km²) à 84 % (233 km²) de recul à l’horizon 2100, ce qui accélère ces choix.

À Enoshima, Kamakura ou Chigasaki, les exploitants prolongent les horaires et reconfigurent leurs offres. Cette orientation soutient l’économie des beach bars, renforce l’animation en soirée et met en avant des pratiques de glisse comme le surf ou le paddle, perçus comme plus adaptés aux heures fraîches et aux nouvelles attentes des vacanciers.

Quelles priorités pour sauver des plages ? Arbitrages et coûts publics

Entre budgets serrés et littoral qui se transforme, les municipalités arbitrent chaque année. Les secteurs classés en zones littorales protégées reçoivent une part prioritaire des interventions, car ils concentrent habitats, accès et équipements. Les enveloppes sont ventilées selon des critères socio-économiques discutés en réunions publiques, en tenant compte des usages locaux, du calendrier touristique et des besoins de sécurité civile.

Le rechargement en sable, les brise-lames et parfois le repli stratégique forment un menu disparate. Les marchés publics intègrent désormais les coûts d’entretien du sable sur plusieurs saisons, afin d’éviter des chantiers ponctuels inefficaces. Les plans littoraux réunissent gestion du risque, prévention des catastrophes, et scénarios de choix d’aménagement côtier co-construits avec les pêcheurs, les clubs de surf et les riverains, pour concilier protection, accès et attractivité.

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