Deux ans d’attente à Bruxelles ont maintenu Corsair dans une zone grise, entre survie et déroute. La récente approbation européenne de Corsair entérine un plan de restructuration financé par l’État, assorti de contraintes serrées.
Sortie exsangue de la crise sanitaire, la compagnie long-courrier doit renoncer à certains créneaux et revoir son réseau pour rester en piste. Cette nouvelle aide d’État française, validée par Bruxelles, impose des cessions, des économies drastiques et un redéploiement ciblé. Chaque ajustement sur l’Atlantique ou les Antilles pèsera sur vos destinations.
Feu vert et montants en jeu, comment l’aide publique est structurée
La Commission européenne a donné son feu vert, le 23 décembre 2025, au plan de restructuration de Corsair porté par l’État français, après plus de deux ans d’enquête approfondie ouverte à Bruxelles, validant une aide publique totale de 167,8 millions d’euros pour la compagnie.
Ce soutien prend la forme d’un effacement partiel d’un prêt accordé à la compagnie en décembre 2020. L’annulation de dette porte sur 80 millions d’euros et s’accompagne d’un financement supplémentaire 87,8 millions, demandé par Paris fin 2023 après l’échec du premier plan de 136,9 millions d’euros face au Covid‑19, à la guerre en Ukraine, aux mouvements sociaux et à la flambée du carburant.
Ce que change la décision pour le réseau et les créneaux de Corsair
Pour limiter les effets de l’aide d’État, la Commission impose à Corsair de revoir son offre. Certaines dessertes comme Abidjan, Cotonou ou Bamako pourront être réorganisées et des fréquences devront être réduites sur plusieurs axes long‑courriers.
Bruxelles réclame des efforts sur certaines liaisons et sur l’usage des aéroports les plus saturés. Cette évolution passera par une réduction de rotations, la libération de créneaux attractifs, un ajustement du réseau et une prise en compte de la concurrence sur l’outre-mer, même si Corsair, interrogée par RFI, n’a pas précisé quelles lignes seraient touchées ni à quel rythme.
Capital et gouvernance, un nouvel équilibre autour d’Abbas Jaber
Le feu vert européen permet de finaliser la recomposition du capital de Corsair autour d’Abbas Jaber, PDG du groupe agro‑industriel Advens, appelé à détenir 40 % des parts. Cet actionnariat Corsair 2025 était gelé tant que la décision de Bruxelles n’avait pas été publiée.
Autour de lui se regrouperont des investisseurs issus des territoires desservis, qui représenteront 52 % des parts, aux côtés d’une société d’économie mixte du département de la Guadeloupe détentrice de 8 %. Ce consortium d’entrepreneurs ultramarins doit renforcer l’ancrage local de Corsair et lier plus étroitement la gouvernance aux enjeux économiques des Antilles et de l’océan Indien.
Corsair prend acte de la décision positive rendue par la Commission européenne, qui clôture plus de deux années de procédures et d’enquête approfondie.
Corsair
Des résultats en amélioration portés par une flotte Airbus A330neo et une offre premium
Après les pertes liées au Covid‑19, Corsair est revenue dans le vert en 2024 et a confirmé ces bénéfices en 2025. La compagnie a retiré ses Boeing 747 pour exploiter neuf Airbus A330neo sur le long‑courrier, une modernisation de flotte qui réduit la consommation de carburant et les coûts de maintenance.
Cette dynamique s’appuie sur des services renforcés, comme l’enregistrement des bagages hors aéroport, une cabine repensée et un « menu prestige » gastronomique proposant caviar, homard, desserts de traiteurs de luxe et vins choisis par le meilleur ouvrier de France en sommellerie, Antoine Pétrus. Corsair met en avant sa performance opérationnelle 2024 pour soutenir un repositionnement premium Corsair sur le long‑courrier.







